Tuesday 27 May 2014

Article "Élan"

Un code club à St Jo

Le code club, c'est quoi ? Tout est presque dit dans le titre ! C'est un club ou l'on se retrouve chaque semaine pour apprendre à programmer un ordinateur.

Nous utilisons tous de l’informatique pour différentes raisons, parfois sans le savoir ! L’informatique est maintenant partout : les ordinateurs, les téléphones, les voitures, les montres… La liste est si longue qu’il serait impossible de tout citer... Tous ces objets sont programmés dans un langage bien particulier : le code informatique. Utiliser un programme (un jeu, un traitement de texte...) sur un ordinateur, c’est une chose ! Faire en sorte que l’ordinateur exécute exactement ce qu’on a programmé en est une autre ! Apprendre cela, c’est gagner un peu de liberté et d’indépendance !

Pourquoi un code club ?

Et si le code était le nouveau latin ? C’est en tout cas la formule employée par un éditorialiste du site de la BBC dans un article commentant une campagne du gouvernement britannique visant à promouvoir l’apprentissage de la programmation informatique dans les écoles. Aujourd’hui, la programmation (le codage) est considérée dans certains systèmes éducatifs comme une matière à part entière, comme l’histoire, la géographie, les mathématiques ou la langue vivante. Elle permet de structurer la pensée, et d’acquérir des méthodes. C’est devenu une matière fondamentale déconnectée de l’idée de spécialisation ou de formation professionnelle. C’est ainsi que l’Estonie a lancé en 2012 son programme “Proge Tiiger” qui introduit la programmation dès l’âge de 5ans. Le Royaume Uni a suivi à la rentrée 2013 en introduisant la programmation dans le “curriculum” à partir du primaire. En France, Fleur Pellerin déclarait le 29 février 2014 sur RMC : “Je suis favorable à ce qu’on apprenne à coder, le plus tôt possible. Pas seulement apprendre à taper et se promener sur internet […]. Je pense que c’est une manière d’aider nos enfants à mieux décrypter le monde qui les entoure”. La question de l’apprentissage du codage à l’école fait donc son chemin aussi en France. Le rapport de l’Académie des Sciences (mai 2013) débute par une alerte concernant l’enseignement de l’informatique en France. Il est urgent de ne plus attendre : “Nous avons besoin d’un véritable plan de formation national si nous voulons sortir notre pays de l’illettrisme informatique dans lequel il se trouve aujourd’hui. ” Le monde du futur sera encore bien plus numérique et donc informatisé que ne l’est le monde actuel. Un des objectifs est donc


de permettre aux jeunes de comprendre et de leur permettre de participer en conscience aux choix et à son évolution, plutôt que de le subir en se contentant de consommer ce qui est fait et décidé ailleurs : “Programmer plutôt que d’être programmé”. Aux États-Unis, pas de programme national, mais le 8 décembre dernier, c’est un véritable appel patriotique qui est lancé par Barack Obama : "Si nous voulons que l’Amérique reste à la pointe, nous avons besoin que de jeunes Américains maîtrisent les outils et la technologie qui vont changer à peu près tout ce que nous faisons". Le Président des États- Unis poursuit : "C’est pourquoi je vous demande de vous impliquer personnellement. Ne vous contentez pas d’acheter un nouveau jeu vidéo. Créez-en un. Ne téléchargez pas simplement la dernière application à la mode, aidez à la créer". Une des branches professionnelles particulièrement concernées par cette question d’apprentissage du langage informatique est le journalisme. Un des cours de l’école de journalisme de Science Po, concerne le code ou du moins les bases de la programmation et du développement web, dans un souci d’efficacité dans leurs relations avec les développeurs au sein des rédactions. De plus en plus d’écoles de journalisme enseignent l’informatique, pour la création et l’optimisation d’un contenu précisément destiné à une plate-forme numérique, et afin de le “penser selon deux approches : la forme ET le fond, les interfaces et les contenus”.

Les objectifs du code club à Saint Jo

Nous ne voulons rien révolutionner mais peut être simplement, aider l’élève à apprendre à réfléchir, à rechercher des informations, à tester et comparer des solutions pour résoudre des problèmes dont la solution est à inventer. Ce code-club peut également permettre aux élèves de prendre conscience des possibilités de l’informatique, mais aussi de ses limites et dérives éventuelles Il y a aujourd’hui toute une batterie de langages créés spécialement pour l’apprentissage de la programmation par les plus jeunes. Nous en avons choisi quelques uns : * Scènes et jeux en 3D avec Alice ou scratch (langages graphiques de programmation). Nous allons apprendre rapidement les éléments essentiels de la programmation, en y mêlant des aspects artistiques. Beaucoup de création en perspective ! * Programmation en langage Python, pour réaliser des jeux, ou commander des robots. Et nous voilà partis à la conquête d’un langage parmi les plus polyvalents, et aussi l’un des plus utilisés au monde ! * Réalisation de blog, ou de site internet. Dans la création d’un site, on retrouve aussi les aspects artistiques, la présentation, mais aussi de la programmation. C’est l’occasion de prendre en main des outils de dessin ou de création de vidéos... * Programmation scratch ou en Python de l’ordinateur miniature Raspberry. Ce petit ordinateur à 30 euros a envahi les écoles de l’autre côté de la Manche ! On peut l’acquérir facilement, et le programmer a volonté.

Quelques réflexions des participants au code club :

Ils sont actuellement 7, tous élèves en seconde au LEGT. L’atelier est ouvert aussi aux élèves de troisième et de seconde du lycée pro. La majorité des participants sont intéressés par l’informatique depuis longtemps, mais étaient des utilisateurs (jeux vidéo, suite bureautique). Seuls deux d’entre eux avaient commencé à coder avant cette année. En venant au code club, leurs objectifs sont de deux natures : Pour apprendre, par curiosité, pour développer une application particulière. Mais également pour découvrir la face cachée de l’informatique pour en faire éventuellement son métier. Quentin nous dit vouloir “hacker” pour ensuite faire de la “cyber-défense”. La majorité aurait aimé commencer plus tôt l’apprentissage du codage, pourquoi pas en 6eme. A la question “que vous apporte le code ?”, voici quelques-unes de leurs réponses : De la liberté d’expression, de création, avec le souhait de pouvoir imaginer, coder puis tester. Pour Hervé “c’est un peu comme de l’art”. Loïck désire que le code club soit “un lieu d’apprentissage, en liberté, en solo ou à plusieurs”. Selon François c’est “une aide technique pour faire aboutir des projets”. Et enfin, tous les participants reconnaissent qu’ils disposent d’un environnement convivial et ouvert. Avis aux amateurs, aux curieux, aux passionnés pour la prochaine année scolaire.

Claude Guéganno / Valérie Le Bloa